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forces, et de formes de ces forces, ou de lois. La forme est accessible à l’intelligence ; la force, au contraire, ou pour mieux dire, l’essence de la force se dérobe à notre connaissance.

Mais d’abord, si la loi de la gravité est une forme, et une forme essentielle de la gravité, c’est-à-dire cette forme qui fait que la matière est ce qu’elle est, qu’elle se meut comme elle se meut, et qu’elle ne peut ni être, ni se mouvoir d’une nuire façon, cette forme est elle-même une force, et une force plus essentielle que cette autre force qui, à ce qu’on prétend, échappe à la connaissance. Et, en effet, la forme d’un être est cette force qui fait qu’un être est, et qu’il est ce qu’il est. Ôtez la forme à l’organisme, c’est-à-dire cette force qui ordonne, enchaîne et unifie toutes ses parties, et l’organisme se dissoudra, et il ne sera plus l’organisme. Enlevez à la plante, au système solaire, comme à l’existence la plus rudimentaire, leur forme essentielle, et il ne vous restera que des êtres sans nom, des êtres qu’on ne pourrait pas même nommer des êtres, s’ils n’étaient pas marqués de la forme abstraite et universelle de l’être. La forme est donc une force ; et, en entrant plus avant dans la nature de la forme, on verrait qu’elle est la force par excellence, à laquelle cette prétendue cause elle-même de la gravité est soumise, puisqu’elle ne peut ni être, ni agir que suivant cette forme. Et ainsi la cause de la gravité et sa forme ne diffèrent pas en tant que force, et, par conséquent, si l’une nous est connue, on ne voit pas pourquoi la connaissance de l’autre nous serait interdite. Et s’il est vrai que la forme de la cause soit ou égale, ou supérieure à la cause elle-même, ou, comme on dit