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expliquer les êtres par leurs propriétés spécifiques[1], il fait cependant des hypothèses, et il a, lui aussi, recours aux propriétés spécifiques. Il nous dit, en effet, que la gravité est une force, laquelle force est un souffle, ou éther très subtil, qui, caché dans les corps, fait que les molécules s’attirent à une distance infiniment petite[2] et qui pénètre jusqu’au centre du soleil et des planètes. Et, bien que cet éther soit caché dans les corps, et dans les parties constitutives de ces corps, ou dans les molécules, et qu’il pénètre partout, Newton déclare qu’il n’est pas une propriété essentielle de la matière[3], et, de plus, il le suppose plus rare à l’intérieur, et plus dense à l’extérieur des corps[4].

Or, tout cela n’est qu’une série d’hypothèses, de qualités spécifiques occultes et d’affirmations purement gratuites. C’est encore un exemple de ce procédé qui prend les notions au hasard, les unit, ou les sépare également au hasard, et qui conduit à admettre exactement la même doctrine qu’on veut combattre, ou à dire ce qu’on ne veut, ou ce qu’on ne croit pas dire. Et, en effet, laissant de côté ici la notion de force, sur laquelle nous reviendrons

  1. « To tell us that every species of things is endowed with an occult specifie quality by which it acts and produces manifest effects, » is to tell us nothing. » (Optick, p. 377.)
  2. « Adjicere licet de spiritu quodam sublilissimo corpora crassa pervadente, et in iisdem latente, cujus vi et actionibus particulæ corporum ad minimas distancias sese mutuo attrahunt, et contiguæ factæ cohærent. » (Princ. phil. nat. schol. gen., t. III, p. 676.)
  3. Dans le Second avertissement, il dit qu’il ne considère pas cette force comme an essential property of bodies.
  4. « I suppose the rarer æther within bodies, and the denser without them.» (Opéra, IV, édit. Samuel Horsley, 1782, p. 386.)