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construit successivement ses sphères plus déterminées et plus concrètes, la mécanique, la physique, le règne végétal, etc. Et dans ce développement, ou dans ces transformations successives, la forme qu’elle affecte est la forme essentielle de l’idée, la forme dialectique. Car on peut dire que la vie de la nature est une aliénation, une négation et une négation de la négation, ou qu’elle est l’être, le non-être et le devenir, ou le même et l’autre, l’égal et l’inégal, le positif et le négatif, etc., et leur rapport. Et, à cet égard, il faut observer que le physicien et le mathématicien se servent de ces notions et de ces formes, et qu’ils ne peuvent ne pas s’en servir, car ce sont elles qui donnent un sens à leurs pensées, ou qui, pour mieux dire, rendent leurs pensées possibles, mais qu’ils ne s’en servent que d’une manière irréfléchie et comme à l’aventure. Et ce qu’il y a de plus étrange encore, c’est que, tout en s’en servant, et en ne pouvant ne pas s’en servir, ils ne veulent point leur accorder une efficace et une réalité. Tant que vous leur parlez de force, de quantité, de ligne, de cercle et de carré, ils vous écoutent ; mais dès que vous leur parlez d’idées, des idées logiques, ou des idées en général, ils ne veulent point vous écouter, et ils vous diront que vous vous payez de mots et d’abstractions. Ainsi, si vous dites qu’il y a une force, que cette force est grande ou petite, égale ou inégale, qu’elle attire ou repousse, ou bien qu’il y a des lois de la nature, comme ils les appellent, telle que la réaction est contraire et égale à l’action, vous êtes, à leur sens, dans le domaine du vrai et du réel. Mais si vous dites que la force, le grand, le petit, l’égal, l’inégal, etc., sont