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temple la nature, témoignent chacun à sa façon, et sous la forme qui lui est propre, de cette vérité. La pierre, qui tombe, tombe parce qu’elle est à la fois séparée de son centre, et unie à son centre. L’oiseau qui salue le soleil naissant, ne le salue que parce qu’il se sent uni à lui, et que le soleil lui apporte la lumière et la chaleur. Enfin, la contemplation même la plus vague et la plus indéfinie de la nature part de cette unité, qui s’agite dans la pensée sous la forme obscure d’instinct et de mouvement spontané et irréfléchi, instinct et mouvement qui stimulent la pensée, soit à admirer la nature, soit à expliquer l’ordre et la proportion qui y régnent, et qui en harmonisent les parties.

Mais si la nature est une, la question se présente de savoir comment elle est une, et comment il faut concevoir cette unité.

Il y a une ancienne doctrine qui est devenue, en quelque sorte, une doctrine populaire, savoir, que la nature est une métamorphose. Cette conception de la nature contient une pensée profonde, ou, pour mieux dire, la vraie notion de la nature. Seulement, comme elle s’est formée à la suite d’observations superficielles et fortuites, ou des analogies qu’on a pu remarquer entre les différents degrés, et les différents produits de la nature, on a fait de cette conception une application également superficielle et arbitraire, et on a substitué à la vraie métamorphose, à la métamorphose interne et idéale, une métamorphose extérieure, grossière et purement matérielle. C’est ainsi qu’on s’est représenté l’homme comme un poisson, ou comme un singe transformé, ou qu’on a voulu faire sortir les animaux et les