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nence même temporaire des êtres. Et enfin, elle se réfutent elles-mêmes, parce que, tout en niant la présence d’une loi fixe, invariable et absolue dans la nature, elles prétendent expliquer la nature. Or, il est clair que toute explication suppose une loi, et qu’une explication qui ne serait fondée que sur un accident de la nature ou de la pensée, serait tout au plus la constatation d’un fait, mais nullement une explication. Que l’accident se glisse dans la nature, il faut l’admettre, à quelque point de vue qu’on se place. Il faut même dire que la nature est la sphère propre de l’accident, et que partout où pénètre la nature, l’accident pénètre avec elle ; ce qui fait qu’on le retrouve dans l’esprit, par suite des rapports qui lient l’esprit à ta nature. Mais l’accident n’est que l’accident, et, loin d’exclure la loi, il la suppose ; loin de prouver son absence, il rend plus manifeste la présence de la loi dans la nature. L’avorton est un accident. Mais, ainsi que le fait remarquer Hegel (§ 250), pour qu’on puisse considérer ces produits de la nature comme imparfaits, bizarres et monstrueux, il faut un type invariable à l’aide duquel on les reconnaît comme tels. Qu’il pleuve aujourd’hui ou demain, c’est là un fait accidentel. Mais cet accident n’aurait pas lieu, si la pluie n’était pas dans l’ordre permanent de la nature. Que je meure de la mort naturelle ou d’une mort violente, c’est là aussi un accident, mais qui suppose la mort comme loi.

Ainsi donc, la raison est dans la nature, comme elle est dans l’esprit, comme elle est dans tout ce qui existe. Car rien ne saurait se concevoir ni être hors de la raison. Or, la loi suprême, l’essence intime de la raison est l’unité. On