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embrasse l’universalité des choses, ou, pour nous servir d’une expression plus hégélienne, saisit l’idée entière des choses, la logique, la nature et l’esprit, elle sait ce que vaut chaque partie, chaque moment de cette idée, et elle sait, par conséquent, ce que vaut le sentiment, quelle est sa raison d’être, la place qu’il occupe et la fonction qu’il exerce dans la vie de l’esprit. Elle comprend, pourrions-nous ajouter, le sentiment comme l’âge viril comprend l’enfance, ou comme la loi comprend l’individu, tandis que ni l’enfance ne comprend l’âge viril, ni l’individu la loi. Elle comprend, en d’autres termes, toutes choses, l’utile, le beau, le bien, le nombre, etc., sans être comprise par elles.

S’il en est ainsi, la nature existe de deux façons, en tant que nature sensible et en tant qu’idée, ou bien encore en tant que nature hors de la pensée, et en tant que nature dans la pensée spéculative ; et celle-ci, à son tour, par cela même qu’elle comprend la nature, la comprend sous ses deux aspects ou dans ses deux manières d’être, qu’elle peut par cela même rapprocher, unir ou distinguer. Son objet propre est, il est vrai, l’idée, mais comme la nature sensible est un moment nécessaire de l’idée, la pensée spéculative pense la nature sensible ; seulement elle la pense telle qu’elle est, c’est-à-dire comme un moment inférieur de l’idée, comme un moment ou un moyen que l’idée pose et abandonne pour s’élever à ce point où elle se pense comme idée et comme idée pensée[1].

  1. Voy. Introduction à la Philosophie de Hégel, chap. VI, §§ 3, 4, et plus bas, chap. IX et X.