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Ainsi donc la pensée, la science et la nature sont liées par un rapport objectif, nécessaire et invariable. Mais la science est aussi la pensée, car connaître c’est penser. Il y a, par conséquent, deux pensées, la pensée scientifique et la pensée non scientifique. La pensée non scientifique est la pensée sensible et irréfléchie, la pensée qui pense l’objet, mais qui lui demeure extérieure, et qui ne s’est pas identifiée avec lui ; ou bien encore, c’est l’esprit fini qui pense la nature, mais qui, ne s’élevant pas au-dessus d’elle, la pense à travers les signes et les images, accidentellement et par fragments. La pensée scientifique est la pensée qui a pénétré dans la nature intime de son objet, qui se l’est assimilée, et ne fait plus qu’un avec elle. Or, la pensée scientifique par excellence est la pensée spéculative. La pensée spéculative pense essentiellement l’universalité des êtres, et elle pense cette universalité dans son unité. Et s’il est vrai que l’idée est l’essence, l’objet propre et intime de la pensée spéculative sera l’idée, et l’idée pensée dans son unité systématique, et cette idée pensée sera l’idée de l’idée, ou l’idée pensante, ou la pensée de la pensée. S’il est vrai, d’un autre côté, que la pensée spéculative est ce moyen terme qui unit la pensée sensible et la nature, la pensée spéculative comprendra la pensée sensible et la nature, et elle les comprendra comme des moments qu’elle combine avec elle-même, c’est-à-dire qu’elle dépasse et qu’elle transforme. « La pensée spéculative ou la notion, dit Hégel avec sa simplicité et sa profondeur ordinaires, comprend le sentiment, tandis que le sentiment ne comprend pas la pensée spéculative. » Et, en effet, par cela même que la pensée spéculative parcourt et