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possible qu’autant que la science concentre dans son unité et la pensée et la nature, et les lois de la pensée et les lois de la nature, qu’autant, en d’autres termes, que la pensée, la science et la nature sont unies par un lien intrinsèque et consubstantiel. Ce lien existe en effet, et s’il nous échappe, c’est surtout à l’absence d’une connaissance systématique qu’il faut l’attribuer, absence qui, comme nous l’avons signalé ailleurs[1], est la source de la plupart de nos erreurs, et qui nous fait tomber dans les plus étranges inconséquences. C’est cette absence de systématisation qui, d’une part, après avoir séparé l’être de la connaissance de l’être, conduit à ne considérer la science que comme un élément indifférent à son objet, et comme ne venant s’y ajouter qu’accidentellement, et si l’on peut dire, du dehors, et qui, d’autre part, confond les rapports accidentels et individuels avec les rapports nécessaires et universels des choses, et transporte ainsi l’accident dans la sphère de l’absolu. Car de ce que l’individu peut penser l’objet sans en posséder la connaissance, on en conclut que l’être et la connaissance ne sont pas inséparables. Mais si, en passant de la sphère de l’accident dans celle de l’absolu, on dit à ceux-là mêmes qui se représentent ainsi ce rapport, que l’absolu est, mais qu’il ne connaît ni son être ni l’être des choses en général, ils ne voudront point admettre une telle doctrine, et, changeant de position, ils vous diront qu’un absolu qui ne connaît point n’est pas l’absolu, et ils iront si loin dans

  1. Introduction à la philosophie de Hégel, chap. iii, § 2 ; chap. IV. § 5 ; et Introduction à la Logique, chap.XI.