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la constitution de la nature. Or, toutes ces questions supposent la science, et elles ne peuvent être résolues que par elle. Et c’est ce qui deviendra plus évident encore si nous rapprochons ces différents points de vues, et que nous les considérions dans leurs rapports. Par exemple, en rapprochant l’utile et le divin, on se demandera comment ces deux aspects ou attributs de la nature peuvent se trouver réunis dans elle, puisque ce qui est utile paraît ne pas s’accorder avec le divin, et, réciproquement, que le divin ou l’absolu paraît exclure l’utile. Car on conçoit difficilement que l’absolu puisse être utile à quelque chose, c’est-à-dire devenir un instrument ou un moyen, ou bien que quelque chose puisse être utile à l’absolu. Or, ici aussi on ne saurait répondre à la question que par la connaissance de la constitution intime de la nature, considérée dans ses différences et dans son unité[1].

Ainsi donc, sous quelque aspect que nous envisagions la nature, et de quelque point de vue que nous partions, nous nous rencontrerons toujours au même point d’arrivée, et nos différentes pensées viendront se réunir en une seule et même pensée, la pensée scientifique, ou la pensée de l’essence de la nature. Or, si l’essence d’un être consiste, comme nous le prétendons, dans son idée, la pensée de l’essence de la nature consistera dans la pensée de son idée. Mais l’idée pensée vaut mieux que l’idée non pensée, et, de son côté, la pensée qui pense l’idée de la nature vaut mieux que la pensée qui ne pense pas cette idée. Enfin, l’idée d’un être constitue ce qu’il y a de plus élevé

  1. Voy. plus bas, chap. IX et X.