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le détermine en le dominant. Et, en effet, l’utile est ce qui est conforme à la fin d’un être, et il n’est utile que dans la mesure où il est conforme à cette fin, et au delà de cette mesure il cesse d’être l’utile, et se change en son contraire. Or, la fin d’un être est déterminée par sa nature spéciale, ou son essence, ou, mieux encore, par son idée. Ce qui est utile à la plante ne l’est pas à l’animal ; ce qui est utile à l’enfant ne l’est pas à l’homme parvenu à sa maturité ; ce qui est utile à l’individu ne l’est pas à l’État, etc., et cela, parce que les fins de ces êtres, bien qu’ayant des rapports, varient aussi, et elles varient parce qu’à l’animal, à l’homme, à l’État, etc., s’ajoutent des propriétés, des caractères essentiels qui les différencient de la plante, de l’enfant et de l’individu, parce que, en d’autres termes, chacun de ces êtres a son essence propre et distincte qui détermine à la fois et la sphère de ce qui lui est utile, et sa finalité. Par conséquent, si l’on envisage la nature, soit dans ses parties, soit dans son ensemble, soit dans ses rapports avec l’esprit fini, soit, et plus encore, dans ses rapports avec l’esprit infini, on verra que l’utile suppose la science de l’utile, et que la science de l’utile aboutit à celle de l’essence des choses.

Les mêmes considérations s’appliquent aux autres aspects sous lesquels on peut saisir la nature. Car si la nature nous offre, par un côté, la beauté et le divin, on peut dire que, par un autre, elle nous offre la laideur et le contraire du divin. Il faudra donc dire en quoi consistent la beauté et le divin, et comment et jusqu’à quel point la nature est belle et divine, ou bien, si la laideur et le non-divin ne sont pas eux aussi des éléments nécessaires dans