Page:Hegel - Philosophie de la nature, trad. Vera, tome 1, 1863.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CHAPITRE II.

RAPPORTS DE L’HOMME AVEC LA NATURE.

Le premier rapport, le rapport le plus simple et le plus élémentaire que l’homme soutient avec la nature, est, comme le fait observer Hégel, un rapport pratique. L’homme sent instinctivement que la nature est faite pour lui, et partant de cet instinct, il s’empare d’elle, et il s’en sert comme d’un instrument qu’il fait servir à ses besoins. L’animal aussi se trouve placé dans le même rapport vis-à-vis de la nature, car lui aussi s’empare d’elle et la soumet à ses fins. Il y a cependant cette différence essentielle entre l’homme et l’animal : c’est que celui-ci ne se pose vis-à-vis de la nature que comme être sensible, tandis que l’homme s’y pose comme être pensant. Car, considéré même dans les rapports les plus grossiers qui le lient à la nature, ce n’est qu’en la pensant, c’est-à-dire en se séparant d’elle par la pensée, que l’homme agit sur la nature, qu’il la transforme et l’élève jusqu’à lui. L’animal, au contraire, emprisonné qu’il est dans le cercle de la vie sensible, ne peut se détacher de la nature, il vit dans un état d’identité avec elle, il lui obéit plutôt qu’il ne la domine, et tout en s’en servant, il reçoit d’elle comme préparés et achevés, plutôt qu’il ne les fait lui-même, les instruments et les matériaux qu’il adapte à ses besoins. C’est là ce qui amène le rapport théorique de l’homme avec la nature. Et il est aisé de voir que, par cela même que l’homme est un être essentiellement pensant, c’est ce rapport qui est le plus élevé, le plus intime et le plus es-