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comme la première nourriture de toute éducation philosophique vraiment sérieuse.

Depuis Platon et Aristote les tentatives les plus importantes qui aient été faites en Grèce dans cette direction sont celles des stoïciens et des Alexandrins. Mais, bien que leurs doctrines offrent des points de vue nouveaux, et que les Alexandrins se soient même appliqués plus fortement que Platon et Aristote, à saisir l’unité de l’être et de la connaissance, leur doctrine considérée comme système, c’est-à-dire comme doctrine qui embrasse et ordonne les diverses branches du savoir, est loin de présenter la même importance, la même étendue et la même richesse de développements que celles de ces deux philosophes.

Si maintenant de l’antiquité nous passons au moyen âge, nous ne trouverons plus des recherches faites dans une intention et avec des procédés vraiment systématiques, mais des Sommes, qu’on pourrait appeler amalgames de connaissances, sortes d’œuvres syncrétiques où se trouvent réunis les éléments les plus disparates, la foi et la raison, le mysticisme chrétien et le rationalisme de l’antiquité, mais où l’on doit cependant reconnaître un travail original et important dans cette même application de la philosophie ancienne au christianisme, travail qui, en perpétuant les traditions et les droits de la science, préparait la voie à la philosophie moderne[1].

Aux sommes du moyen âge succédèrent dans des temps

  1. Le titre du livre de saint Anselme, Fides quœrens intellectum, représente, comme d'un seul trait, le mouvement intellectuel de cette époque. C'est la foi qui veut s'entendre elle-même, c'est-à-dire qui veut cesser d'être la foi.