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soi[1], se pose lui aussi vis-à-vis d’elles dans un état d’indifférence, et les abandonne aux déterminations extérieures et à la contingence. Si la nature ne peut contenir la notion que d’une manière abstraite[2], et réaliser ses déterminations que dans des existences particulières et extérieures, c’est à son impuissance qu’il faut l’attribuer.

Remarque.

On a considéré la multiplicité et la variété infinie des formes, et cette contingence irrationnelle qui s’introduit dans l’ordonnance extérieure de la nature comme constituant sa plus haute liberté, et ce qu’il y a de plus divin en elle. Mais c’est un point de vue qui a son fondement dans l’expérience sensible que de confondre l’arbitraire, la contingence et le désordre avec la liberté et la raison. C’est cette impuissance de la nature à réaliser la notion qui pose des limites à la philosophie ; et il n’est pas raisonnable de prétendre que la notion puisse expliquer, démontrer, ou, comme l’on dit, construire ces produits accidentels de la nature ; bien qu’il y en ait qui paraissent croire que plus on isole ces produits, plus on les rend insignifiants, et plus on facilite la tâche de la science. On trouve, il est vrai, partout les traces des déterminations de la notion, et l’on peut les découvrir dans les produits les plus accidentels. Mais ces

  1. Die einfache für sich seiende Subjeklivität, c’est-à-dire l’esprit, ou l’idée en tant qu’esprit.
  2. Dans le sens d’incomplet, par opposition à concret. Nous avons déterminé ailleurs et à plusieurs reprises le sens de ces termes abstrait et concret, sens qui, du reste, se trouvera de plus en plus déterminé par le développement même de l’idée de la nature.