Page:Hegel - Philosophie de la nature, trad. Vera, tome 1, 1863.djvu/216

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

[1]

systématique, et, d’un autre côté, par la contingence qui rend les choses de la nature comme indifférentes les unes à l’égard des autres, et les place dans un état d’indétermination. Le propre de la nature, c’est de donner accès à la contingence, et à la détermination extérieure. Et la contingence pénètre surtout dans ses formations individuelles et concrètes qui, en tant que choses de la nature, ne sont concrètes que d’une manière immédiate[2]. Ce qui constitue ces formations c’est un ensemble de propriétés juxtaposées, extérieures et plus ou moins indifférentes les unes aux autres ; ce qui fait précisément que le sujet simple, et qui est pour

  1. se représenter le rapport des termes comme une série de degrés est, au contraire, ce qu’il y a de plus opposé à la connaissance (begreifen) de la nécessité de ces formes. Lorsqu’on a pu mettre en série les planètes, les métaux, ou les substances chimiques, les plantes et les animaux, et qu’on est parvenu à trouver la loi de la série, on s’est donné une peine inutile, parce que la nature ne distribue pas ainsi les êtres en séries et en membres, et que la notion les différencie suivant leur déterminabilité qualitative, lorsqu’elle fait des sauts. L’ancien mot, ou l’ancienne loi, comme on l’appelle, non datur saltus in natura, n’est pas entièrement adéquate à la disjonction (diremtion) de la notion. La continuité de la notion avec elle-même est d’une tout autre nature. »
  2. Die aber als Naturdinge zugleich nur unmittelbar concret sind. Dans la nature les êtres sont à l’état immédiat et partant imparfait. Ce n’est que par une médiation, c’est-à-dire par et dans la pensée, qu’ils sont ramenés à leur état parfait et élevés jusqu’à l’idée. De plus, l’idée se disperse et se morcelle dans la nature, ce qui fait que l’enchaînement simple et interne de ses déterminations se brise, et ouvre un passage à l’accident et à la contingence, contingence qui se glisse d’autant plus facilement dans les êtres que ceux-ci sont plus concrets, comme, par exemple, dans les êtres organiques, et cela par la raison même qu’étant plus concrets, leurs déterminations et leurs rapports se multiplient. (Conf. § 70, note, § 3 » 4, et Introd. du trad.)