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§ 250.

La contradiction de l’idée qui, en tant que nature, devient extérieure à elle-même, amène une contradiction

  1. terme le plus abstrait, et le dernier est celui qui contient le plus de vérité. Et dans chaque sphère le dernier forme le premier d’une sphère plus élevée. Ce qui fait que chaque sphère se complète en passant dans une autre, c’est la nécessité même de l’idée ; et la différence des formes doit être considérée comme nécessaire et déterminée. On ne doit pas se représenter l’animal terrestre comme s’il était sorti par une opération matérielle de la nature (natürlich) de l’animal aquatique, comme s’il s’était envolé dans l’air en sortant de l’eau, et était retombé ensuite sur la terre sous forme d’oiseau. Lorsque l’on compare entre eux les différents degrés de la nature, on a raison de remarquer que, par exemple, tel animal a un ventricule, et que tel autre en a deux ; mais il ne faut pas se représenter la chose comme s’il y avait là des pièces qu’on a mis ensemble. Bien moins encore faut-il employer des catégories d’une sphère pour expliquer une autre sphère ; car ce n’est là qu’un procédé formel propre à engendrer la confusion, comme lorsqu’on dit que la plante est le carbone (Kohlenstoffpol) et l’animal l’azote (Stickstoffpol). » Les deux formes sous lesquelles on conçoit la progression sérielle de la nature sont l’évolution et l’émanation. La marche de l’évolution, qui part de l’imparfait et de l’indéterminé, est que d’abord il y a eu l’élément humide et des formations aqueuses, et que de l’eau sont sortis les plantes, les polypes, les mollusques et enfin les poissons ; puis des poissons seraient sortis les animaux terrestres, et enfin des animaux terrestres l’homme. Par cette transformation successive on prétend expliquer et comprendre la nature ; et cette doctrine qu’on doit à la philosophie de la nature domine encore aujourd’hui dans la science. Mais si cette différence quantitative est ce qu’il y a de plus facile à entendre, par contre elle n’explique rien. L’émanation appartient aux Orientaux. C’est une série de déchéances qui a son commencement dans l’être parfait, dans la totalité absolue, en Dieu. Dieu a créé, et des fulgurations, des éclairs, des images sont sorties de lui, de telle façon que la première image est celle qui lui ressemble le plus. Ce premier produit a, à son tour, engendré, mais il a engendré un produit moins parfait, et ainsi de suite. De cette manière, chaque être