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vinrent pas cependant à en lier fortement entre elles les différentes parties, à en suivre et en démontrer la filiation et la loi, et comme la nécessité interne suivant laquelle cette unité s’accomplit. Ainsi, par exemple, Platon s’attache bien, dans le Timée, à démontrer la présence de l’idée dans la nature, mais il ne le fait que d’une manière arbitraire et extérieure ; il confond l’idée mathématique avec l’idée physique, en composant, à l’imitation des pythagoriciens, le feu, l’air, etc., avec des éléments géométriques ; et, bien qu’il pose en principe qu’il faut déduire les idées, au lieu de les déduire et de les démontrer, il les mêle, et il emploie le mythe et l’expression poétique, outre qu’il n’embrasse dans ses investigations que des parties de la nature, et non la nature entière. Les mêmes imperfections peuvent être facilement constatées dans les autres parties de son système[1]. Il en est de même d’Aristote ; car, si Arislote a embrassé dans ses recherches l’universalité des connaissances, il n’a pas su non plus leur donner une forme systématique. On peut même dire que sa doctrine est, à quelques égards, moins que celle de Platon, un système. Et, en effet, bien qu’il poursuive, lui aussi, l’unité de la science, et qu’il cherche à déterminer partout l’élément rationnel des choses, comme l’instrument qu’il emploie de préférence est l’analyse, et que le champ mobile et variable de l’expérience est celui où il se place, quoiqu’il s’y place non pour s’y arrêter, mais pour en dégager l’universel et la loi, il

  1. Voy. sur ce point mon Introduction à la philosophie de Hégel, chap. IV? § 5, et Hégélianisme et Philosophie, chap. VI.