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Aussi longtemps que chaque point matériel paraît (scheint) comme entièrement indépendant de tous les autres, la notion n’existe qu’imparfaitement dans la nature[1], et elle ne peut ramener ses pensées (ses déterminations) à l’unité. Le soleil, les planètes, les comètes, les éléments, les plantes, les animaux, n’existent chacun qu'individuellement, dans un point de l’espace et pour soi. Le soleil est un individu autre que la terre, et qui n’est lié à la terre et aux planètes que par la pesanteur. Ce n’est que dans la vie qu’on rencontre la subjectivité, et l’opposé de l’extériorité. Le cœur, le foie, l’œil, ne sont pas des individualités qui existent pour soi, et séparée du corps, la main se putréfie. Le corps organisé est aussi un tout composé d’éléments multiples et extérieurs les uns aux autres ; mais chaque élément individuel ne subsiste que dans le sujet, et la notion y existe comme puissance qui unit ces éléments. C’est ainsi que la notion qui d’abord s’était, pour ainsi dire, abandonnée elle-même, et n’existait qu’intérieurement[2], atteint dans la vie à l’existence en tant qu’âme. Que

  1. Hat die Begrifflosigkeit die Herrschaft in der Natur. « L’absence de la notion a l’empire dans la nature. »
  2. Ces termes ont été définis dans la logique, et on les entendra mieux en avançant. Hégel veut dire que c’est dans l’organisme et dans l’âme que la notion commence à se retrouver elle-même, et à retrouver son unité, parce qu’elle a parcouru, développé et posé extérieurement tous les éléments et toutes les déterminations que la vie renferme et qu’elle présuppose ; de telle sorte qu’avant d’atteindre à ce degré la notion n’existe pas comme notion dans le sens strict du mot ; car un être n’entre en possession de l’existence que lorsque se trouvent réunis tous les éléments et toutes les conditions qui le constituent. Jusque-là il n’est qu’à l’état intérieur et virtuel, un être quelconque, la plante, l’animal, n’étant achevé que lorsque ses deux moments, le moment interne et le moment externe, se sont complètement développés. (Voy. sur l’unité de ces deux moments, Logique, part. II.