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éléments épars, isolés et imparfaits qu’elle lui livre, comme à l’état de germe, et qu’il élève à une plus haute puissance, en leur communiquant une signification plus large et plus profonde, et en les fondant, si l’on peut ainsi dire, dans le creuset de sa pensée. C’est ainsi que le génie devient le représentant de la raison et des siècles, qui sont, eux aussi, l’œuvre de la raison, et qu’il reflète et concentre dans son individualité un passé qui n’est plus, et un avenir qui n’est pas encore. S’il en est ainsi, Hégel n’est pas seulement un des esprits les plus profonds, mais un des esprits les plus inventifs qui aient jamais existé ; et si la puissance d’invention doit se mesurer sur le champ des recherches qu’on a embrassé, Hégel, qui a étendu son regard sur toutes les branches du savoir, en les liant fortement entre elles et en fondant un vrai système[1], a possédé cette puissance au plus haut degré. De fait, laissant de côté sa logique, à qui certes personne ne contestera le mérite d’originalité, et sa philosophie de l’esprit, qui, quoiqu’elle ait un antécédent dans la philosophie de Fichte, prend entre ses mains d’autres proportions et une autre signification, laissant de côté, disons-nous, ces deux parties de son système, et nous renfermant dans celle qui fait l’objet de la présente publication, nous n’hésitons pas à affirmer que celle-ci aussi présente la nature sous un point de vue nouveau et original ; et tout en reconnaissant que c’est la partie de son système qui a des antécédents plus marqués dans la philosophie de Schelling,

  1. Voy. Introduction à la Philosophie de Hégel, chap. III et VI, et Introduction à la Logique, chap. XI et XIII.