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vrai que Newton lui-même, voulant démontrer mathématiquement, et en partant de sa théorie la première loi, n’arriva pas à l’ellipse, mais à la section conique[1]. On dira que si la formule newtonienne n’est pas explicitement dans les lois de Képler, elle y est implicitement, et que le mérite de Newton consiste précisément à avoir dégagé des lois de Képler la loi universelle de la gravitation qui dé-

    (mundi) necesse erit eos esse qui similiter extrinsecus in multis apparent, in quibus invenimus annuum circuitum. Ipse denique sol medium mundi putabitur possidere, quæ omnia ratio ordinis, quo illa nibi invicem succedunt, et mundi totius harmonia nos docet, etc. Comme on le voit, Copernic conçoit la gravitation indépendamment de la masse, et il n’identifie pas son action et sa forme avec elle. Quant à Képler, la considération de la masse s’offrit, il est vrai, à sa pensée. Car dans son Mysterium cosmographicum, il parle d’une force (virtus) qui a son siège principal dans l’anima mundi (qu’est-ce que l’anima mundi ? Est-ce le centre du monde, ou bien une âme du monde semblable à celle du Timée ?) et qui varie avec la distance. Dans son Astronomia nova, sive physica cælestis de motibus stellæ Martis, introd. fol. 5 (1609), il parle des attractions réciproques de la terre et de la lune suivant leur masse, et, enfin, dans son Harmoniçes mundi, achevé en 1618, et publié en 1819, et qui contient sa troisième loi, on trouve exprimée la pensée que le soleil est le centre des mouvements planétaires, et qu’il y a dans le soleil une force qui diminue soit directement, soit avec la distance, soit avec le carré des distances. Mais il ne suit pas de là qu’en formulant ses lois, il ait considéré la masse comme le principe, ou la condition nécessaire de ces mouvements. Car, si telle eût été sa pensée, elle eût été trop importante pour qu’il ne l’eût pas indiquée, et qu’il n’eût pas cherché à la démontrer.

  1. On dira peut-être, à cet égard, que les lois de Képler ne sont vraies, elles aussi, qu’approximativement. Mais l’approximation est une conséquence nécessaire et rationnelle de l’unité même de la nature. Car dans un tout systématique où les parties sont liées entre elles et avec le tout, chaque partie fait effort pour sortir d’elle-même et devenir les autres parties, ou le tout ; ce qui amène la perturbation et l’approximation. L’exactitude absolue n’existe, et ne peut exister que dans la logique, et dans l’esprit, en tant qu’esprit, ou pensée absolue.