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la gravitation, autre chose est la loi des masses appliquée à la gravitation ; car la matière peut graviter, sans qu’il s’ensuive qu’elle doit graviter suivant les masses. C’est là une différence que nous avons montrée, et que les étoiles doubles viennent confirmer. Quant aux lois de Képler, il faut voir si elles se lient nécessairement à la loi newtonienne, car leur vérité peut s’appuyer sur d’autres principes ; et c’est là ce que Hégel a démontré. Et, en admettant même que la démonstration hégélienne de ces lois ne soit pas inattaquable, on n’est pas autorisé à en conclure que la critique hégélienne n’est pas fondée, et que Hégel n’a pas eu raison de reprocher à Newton d’avoir altéré la pensée de Képler et la signification de ces lois, en y introduisant sa formule, et en les présentant comme une application, ou comme des cas particuliers de cette formule. Et, à cet égard, nous croyons pouvoir affirmer que ce n’est pas par la considération des masses que Kepler arriva à la découverte de ses lois, mais par l’observation et le calcul, ainsi que par ce sentiment profond de l’harmonie et de l’unité de l’univers, qui l’animait et le stimulait dans toutes ses recherches[1]. Et cela est si

  1. La pensée de la gravitation universelle s’était déjà présentée à l’esprit de Copernic. « Pluribus ergo existentibus centris, dit Copernic (de Revolut. orbium cælest., t. I, c. IX, p. 76), de centro quoque mundi non temere quis dubitabit, an videlicet istud fuerit gravitatis terrenæ an alliud. Equidem existimo gravitatem non aliud esse quam appetentiam quandam naturalem partibus inditam a divina providentia opifice universorum, ut in unitatem integritatemque suam sese conferant in formam globi coeuntes. Quam affectionem credibile est etiam soli, lunæ cæterisque errantium fulguribus inesse, ut ejus efficacia in ea qua se repræsentant rotunditate permaneant ; quæ (res) nihilominus multis modis efficiunt circuitus. Si igitur et terra faciat alios utpote secundum centrum