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la loi de Newton ne peut pas s’appliquer à la chute ; ou pour mieux dire la loi de Galilée la contredit,

    (§267), nous commencerons parfaire remarquer qu’ici on part, d’abord d’un rapport de deux masses, d’une masse qui attire, et d’une masse qui est attirée. Or la masse attirée n’est pas seulement attirée, mais elle attire, à son tour, de sorte que les attractions contraires de la masse attirée plus grande doivent être plus grandes que les attractions de la masse attirée plus petite, et, par suite, les deux masses ne devront pas tomber de la même manière. C’est comme 100 hommes et 10 hommes mis en présence de 1000 hommes, toutes choses égales d’ailleurs. Les 100 hommes opposeront une plus grande résistance aux 1000 hommes que les 10. On dira, il est vrai, que, plus la masse est grande, et plus la terre met en jeu de force pour la faire tomber, et qu’ainsi la différence des réactions des deux masses se trouve annulée. Mais que devient alors l’autre loi que la réaction est égale à l’action ? Car d’après cette loi la réaction de la masse attirée doit augmenter avec l’action de la masse attirante, de telle sorte que, plus la terre attire, plus la masse attirée doit l’attirer, ou lui résister, à son tour. Et qu’on ne vienne pas lever la difficulté avec les infiniment petits, et en disant que la masse de la terre est si grande comparativement aux masses qui tombent à sa surface que toute différence peut être négligée. En supprimant les différences, les infiniment petits expliquent tout, c’est-à-dire ils n’expliquent rien. Et puis, il ne faut pas oublier que le temps et l’espace entrent comme éléments essentiels, et comme éléments quantitatifs et qualitatifs, dans la loi. Par conséquent, il faudrait dire que, puisqu’une plus grande quantité de force est employée pour attirer la plus grande masse, comme la force ne peut agir ni se développer hors, et sans le concours du temps et de l’espace, il y a aussi plus de temps, et plus d’espace employés pour attirer cette masse. Enfin, l’unité de la loi, cette unité qui fait que les corps tombent avec la même vitesse, n’est pas dans la terre, dans la masse et ses attractions, mais dans le rapport de tous les éléments constitutifs de la loi (l’idée une et indivisible de la chute, comme moment essentiel de la matière), de telle sorte que cette démonstration, qui place dans la masse de la terre la raison lie l’identité de la vitesse dans la chute, ne saisit pas la loi dans son unité. Mous ajouterons que la décomposition d’une masse en molécules, décomposition sur laquelle s’appuie la démonstration, est un procédé purement formel et subjectif, et qui n’atteint pas la nature