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l’architecte qui conçoit et entend le dessin d’un édifice ; c’est l’ouvrier qui réunit et façonne les matériaux qui doivent le réaliser ; ou, si l’on veut, c’est l’architecte qui représente l’élément idéal et l’unité de l’édifice ; c’est l’ouvrier qui en représente l’élément matériel et multiple. Tel est aussi le rapport de la physique et de la philosophie de la nature. La physique rassemble et prépare les matériaux que la philosophie vient ensuite marquer de sa forme. On se tromperait cependant si l’on croyait que cette forme n’est, pour ainsi dire, qu’un accident et une espèce de superfétation dans la science de la nature ; car elle est, tout au contraire, la forme de la raison et de la vérité ; de telle façon que la physique n’est, rigoureusement parlant, une science que par la présence de la pensée philosophique, et dans la mesure où elle coïncide avec cette pensée. C’est comme dans une statue, où ce sont les dernières touches de l’artiste qui transfigurent le marbre, et y font circuler la vie et la beauté.

Mais c’est là aussi ce qui s’oppose à l’identification de la physique et de la philosophie de la nature. L’objet de la physique ne diffère pas de celui de la philosophie de la nature, puisque, pour l’une comme pour l’autre, cet objet est la nature, et la connaissance de la nature. Mais si c’est un seul et même objet qu’elles considèrent, la manière dont elles le considèrent n’est point la même. Car la philosophie, lorsqu’elle est vraiment la philosophie, ne peut considérer la nature que conformément à son propre objet, ou à la loi qui la constitue ce qu’elle est, et qui fait