Page:Hegel - Philosophie de la nature, trad. Vera, tome 1, 1863.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de toute façon, il manque ici un des termes du rapport qui entrent dans la loi, car la loi dit que les corps s’attirent en raison des masses. Par conséquent, le corps qui a la plus grande masse ne devrait pas tomber comme celui qui en a une plus petite, puisque ses attractions ne sont pas les mêmes. Et il n’y a pas de distance à invoquer, car les distances sont les mêmes. Et ainsi, ou la" loi de Galilée est théoriquement fausse [1], ou

  1. Nous disons théoriquement fausse, parce que la démonstration qu’on en donne, et qui est fondée sur le rapport des masses, rapport où l’on annule l’un des termes du rapport, n’est pas rationnelle. En d’autres termes, la loi est vraie, mais la démonstration qu’on en donne est fausse, et, par conséquent, il faut chercher ailleurs sa véritable démonstration C’est là ce qu’a fait Hegel (§ 267), dont la démonstration est fondée sur la notion même de la chute, comme moment de la mécanique finie. La démonstration, disons-nous, qu’on en donne ordinairement n’est pas rationnelle, parce que, d’abord, elle repose sur un rapport de masses, et ensuite, parce que dans ce rapport on annule l’un des deux termes du rapport, en tant que masse. Le raisonnement est celui-ci : la masse de la terre étant infiniment plus grande que celle des corps placés à sa surface, ces corps doivent nécessairement tomber sur elle. Maintenant, pourquoi tombent-ils avec une égale vitesse ? À cette question on répond en décomposant les corps en molécules, et en disant que, par cela même que chaque molécule est sollicitée par une unité de force, et que cette unité de force est employée à la faire tomber, il est indifférent que la masse d’un corps soit plus grande, ou plus petite que celle d’un autre corps. Car au corps qui a une masse plus grande, il faut plus de ces unités pour le faire tomber, et au corps qui a une masse plus petite, il en faut moins. Et ainsi les conditions des deux corps se trouveront être égales vis-à-vis des attractions terrestres, et ils tomberont tous deux avec une égale vitesse. Laissant ici de côté les considérations touchant le temps et l’espace, qu’on introduit dans la démonstration d’une manière extérieure et accidentelle, et qui, cependant, sont les principaux facteurs de la chute, puisqu’ils déterminent la pesanteur elle-même, laissant de côté, disons-nous, ces considérations qu’on trouvera à leur place