Page:Hegel - Philosophie de la nature, trad. Vera, tome 1, 1863.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

subordonnée de l’attraction. Par la même raison, on voit disparaître ou se changer les rapports de distance. Car d’abord, il n’y a pas de différence de distance entre molécule et molécule ; et ensuite il faut admettre que la molécule d’une étoile attire la terre comme la molécule du soleil. Elle l’attirera moins, mais elle l’attire, tout aussi bien, et au même titre que celle du soleil. C’est ici que vient se placer la loi de Newton, « que l’intensité des attractions est proportionnelle aux masses, et réciproque au carré des distances », à laquelle loi on en ajoute une autre, à savoir « que les forces de deux corps qui gravitent l’un vers l’autre sont égales et contraires, c’est-à-dire elles agissent en sens contraire suivant la droite qui joint les deux corps ».

Nous ferons d’abord remarquer à l’égard de la première loi, qu’elle ne peut pas s’appliquer à la gravitation universelle, ainsi que le démontrent les considérations qui précèdent. Car dans la gravitation, la matière attire, en tant que matière en général, et non en tant que masse. Par conséquent, Hegel a raison de dire (§ 270) que Newton, en introduisant dans la gravitation cette formule, a faussé sa propre conception[1]. Mais ce n’est pas à la chute non plus que cette loi peut s’appliquer. Car, dans la chute aussi les corps tombent en tant que matière, et non en tant que masse. Et c’est là ce qui fait qu’ils tombent avec une égale vitesse. On dira que, s’ils tombent, c’est que la masse de la terre l’emporte sur la leur. Mais

  1. Et sa conception de l’éther ne saurait non plus s’accorder avec sa formule. Car la masse et la distance n’ont pas de sens, et elles sont, si l’on peut dire, indifférentes pour l’éther, qui pénètre partout.