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mais dans son état concret et infini ; qu’elle n’est plus en soi, mais qu’elle est en et pour soi. En d’autres termes, elle signifie que la matière, non telle matière, mais la matière entière, et, partant, chaque partie, chaque molécule est complétement pesante, et qu’elle est. pesante au même titre, au même degré et sous la même forme ; ce qui fait que le centre n’est plus hors d’elle, comme dans la chute, et même dans les différentes parties du système planétaire, mais que le centre est en elle, et qu’elle est, si l’on peut dire ainsi, complètement centralisée. D’où il suit que l’inertie, le poids, la masse et la distance n’ont plus de sens dans la gravitation universelle ; que ce sont, voulons-nous dire, des catégories, ou des moments que la pesanteur a traversés, qu’elle présuppose et qu’elle contient, mais qu’elle dépasse, par la raison même qu’elle est la gravitation universelle[1]. Ainsi la gravitation est, comme le remarque Hégel, immédiatement opposée à l’inertie, puisque chaque point de la matière a un centre, ou, pour mieux dire, est un centre. Par cela même, la matière n’a plus de poids, ou est impondérable, car la matière ne pèse qu’autant qu’elle cherche un centre, et qu’elle a un centre hors d’elle ; de sorte qu’on doit dire que la matière pèse dans ses états et ses rapports finis, et qu’elle ne pèse pas dans ses états et ses rapports infinis ;

  1. Car c’est là, il ne faut pas l’oublier, la forme systématique de la connaissance, et de l’être. Chaque nouveau moment, chaque nouvelle sphère, présuppose, contient et annule dans son unité toutes les sphères précédentes. C’est ainsi que l’être organique, par exemple, contient l’être chimique, mais comme un moment subordonné ; ou que la lumière contient l’espace et les formes mécaniques de la matière ; ou que l’État contient l’individu, etc.