Page:Hegel - Philosophie de la nature, trad. Vera, tome 1, 1863.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

formes de la quantité[1], ou comme la vie marque l’extrême limite de l’organisme, et constitue, en même temps, l’unité de l’organisme, et de tous les moments précédents de la nature, ainsi la gravitation universelle marque la limite extrême de la pesanteur, ou, si l’on veut, elle est l’idée entière de la pesanteur, l’idée de la pesanteur complétement développée. La gravitation signifie que la pesanteur n’est plus dans ses états virtuels, abstraits et finis,

    ou des lois de la nature. Mais on transforme le pendule en une planète, en le suspendant comme la planète dans l’espace, et en le faisant tour ner librement, comme la planète, autour d’un point, qui ici remplace le centre ou l’axe de rotation, avec cette différence qu’on ne lui fait parcourir qu’une section de l’orbite. Or, un tel pendule est théorique ment impossible ; et dans la sphère de la nature, il est aussi impossible qu’un triangle avec quatre côtés l’est dans la sphère mathématique. Car le pendule appartient à la sphère de la mécanique finie- et, partant, du mouvement lini, ce qui veut dire qu’il doit s’arrêter comme le corps s’arrête dans sa chute. El il doit s’arrêter parce que lefrotlement est une condition essentielle de sa construction et de son mouvement(*). Kiiliu, en faisant cette supposition que le corps tournerait indéfiniment autour du centre de la terre, s’il ne rencontrait pas cette dernière, on oublie que, si le corps, qui tombe, ne se meut pas exactement suivant une ligne droite, c’est précisément que la planète entière se meut suivant une courbe ; de sorte que cette tendance à se mouvoir suivant la tangente, il la doit à l’impulsion qu’il reçoit du mouvement général de la planète. Mais en lui-même, et par la raison même qu’il tombe et qu’il tombe suivant la verticale, sa direction, ou sa ligne véritable et naturelle est la droite. Par conséquent, s’il pouvait se mouvoir à travers la terre, et sans participer au mouvement général de la planète, ce n’est pas autour du centre qu’il tournerait, mais c’est sur le centre qu’il tomberait et qu’il s’arrêterait.

    (*). Nous disons ici que c’est le frottement qui fait arrêter le pendule, parce que cela suffit pour l’objet de la discussion. Mais on verra, § 263 et suivants, la cause véritable de ce fait, cause dont le frottement n’est que la conséquence.

  1. Voy. Logique, § 99 et suivants, et l’Hégèlianisme et la philosophie, chap. IV.