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bles, et elles sont toutes deux données dans la matière, de quelque façon d’ailleurs qu’on conçoive cette dernière. Ainsi, représentons-nous la matière comme composée d’atomes. Premièrement, l’atome, par là même qu’il est l’atome, repousse tout autre atome, ce qui veut dire que les atomes se repoussent réciproquement. C’est le moment de la discrétion et de l’indivisibilité. Mais, d’un autre côté, par là même qu’ils sont tous des atomes, et des atomes qui se repoussent, les atomes doivent tous s’attirer. C’est là le moment de la continuité et de la divisibilité. Et ainsi tous les atomes se repoussent et s’attirent. Et ils ne se repoussent pas sans s’attirer, comme ils ne s’attirent pas sans se repousser, mais ils se repoussent en s’attirant, et ils s’attirent en se repoussant. Car l’atome A ne repousse l’atome B qu’autant que celui-ci tend vers A, ou qu’il se met en contact, ou dans un rapport quelconque avec lui, c’est-à-dire qu’autant que À l’attire, et, réciproquement, A n’attire B qu’autant qu’il le repousse. Car, s’il ne le repoussait pas, et au moment même où il cesserait de le repousser, son attraction cesserait par cela même. Ou bien encore, représentons-nous la matière comme composée de molécules étendues, et indéfiniment divisibles ; nous arriverons au même résultat. Car, dans cette supposition, chaque molécule sera l’unité et le centre d’un nombre indéfini de forces polaires, ou de molécules qui se repoussent et s’attirent, ou, ce qui revient au même, elle sera la molécule qui attire et qui repousse à la fois. Par conséquent, de quelque façon qu’on conçoive la matière, la pesanteur lui est essentielle, et elle lui est essentielle et comme centre d’attraction et comme centre de répulsion.