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deuxième partie. — préliminaires.
§ CXIII.

Dans l’essence le rapport avec soi prend la forme de l’identité, de la réflexion sur soi. Celle-ci a remplacé l’im-

    qui a sa racine dans un terme autre que l’être, c’est-à-dire dans l’essence. L’essence pose et nie l’être, et par cela même qu’elle le pose et le nie, l’être ne fait qu’apparaître vis-à-vis de l’essence, et il n’est qu’une apparence de l’essence ; ce qui fait que l’être existe de deux manières, et qu’il se répète deux fois, qu’il est d’abord l’être immédiat, et ensuite l’être tel qu’il apparaît dans l’essence. Par exemple, si l’on prend, d’une part, l’être, la quantité, etc., et, de l’autre, la cause, la substance, etc., on verra que l’être existe d’abord en tant qu’être, et puis en tant qu’être dans la cause, etc., lesquels sont la cause, la substance de l’être, de la quantité et de la qualité, etc. Ce passage de l’être à l’essence amène le moment de la réflexion, qui n’est pas un fait subjectif et extérieur à la chose sur laquelle on réfléchit, mais une détermination objective et fondée sur la nature même de la chose. S’il n’y avait que l’être, il n’y aurait ni apparaître, ni réflexion. Car la réflexion c’est l’être qui se réfléchit sur l’essence, et l’essence qui se réfléchit sur l’être. Et l’être ne se réfléchit sur l’essence que parce qu’il est l’apparence de l’essence, et l’essence ne se réfléchit sur l’être que parce qu’elle est l’essence de l’être. Quand nous disons : telle chose est, ou elle a une quantité, nous ne réfléchissons pas, mais nous réfléchissons lorsque nous allons au delà de l’être pour saisir l’essence, ou, si l’on veut, lorsque nous allons de l’être, qui n’est que l’apparence, à l’essence même de cet être et de cette apparence. Cependant l’apparaître ne doit pas être confondu avec la réflexion, car il n’en est que le point de départ, ou, pour mieux dire, il est la réflexion à l’état immédiat ; et le mouvement de l’essence consiste à s’éloigner de cet état immédiat par une suite de déterminations réfléchies, à travers lesquelles l’essence s’élève à la Notion. La réflexion et l’essence viennent, par conséquent, se placer entre l’être et la notion. L’essence est la négation de l’être, mais elle n’en est que la première négation ; et elle nie l’être pour le réfléchir au dedans d’elle-même, et pour l’élever, et s’élever ainsi elle-même avec lui, à la négation de la négation, ou à leur unité, c’est-à-dire, à la notion. Ainsi l’on peut dire : Les choses sont, elles ont une essence, et leur être et leur essence trouvent leur principe dernier et leur unité dans leur notion. — Il va sans dire qu’ici le mot essence n’a pas la signification qu’on y attache ordinairement. Nous ferons remarquer à ce sujet que dans l’usage ordinaire ce mot n’a, pour ainsi dire, pas de sens, car on l’emploie d’une façon arbitraire, vague et indéterminée. On parle bien d’une essence des choses, mais on en parle sans définir le point essentiel, c’est-à-dire ce