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deuxième partie. — préliminaires.

en tant qu’esprit. — On enseigne aussi ordinairement que Dieu en tant qu’essence la plus haute ne peut être connu. C’est là en général le point de vue de l’explication moderne, et plus particulièrement de l’entendement abstrait qui ne va pas au delà de : il y a un être suprême ; et suivant lequel c’est à cela qu’il faut s’en tenir. Lorsqu’on parle ainsi, et qu’on se représente Dieu sous la raison de l’essence la plus haute et inaccessible, on a devant soi le monde dans son existence immédiate, comme quelque chose de subsistant et de positif, et l’on oublie que l’essence implique précisément la suppression de toute existence immédiate. Dieu comme essence abstraite, inaccessible, hors de laquelle se trouveraient placées la différence et la déterminabilité, n’est en réalité qu’un pur mot, un simple caput mortuum de l’entendement abstrait. Savoir que les choses n’ont point de vérité dans leur existence immédiate, c’est là le commencement de la vraie connaissance de Dieu.

Ce n’est pas seulement relativement à Dieu, mais dans d’autres rapports qu’on emploie d’une façon abstraite la catégorie de l’essence, et qu’en considérant de cette façon les choses on se représente leur essence comme un élément indifférent et indépendant à l’égard du contenu déterminé de leur existence phénoménale. C’est ainsi qu’on a l’habitude de dire, que ce qu’il faut considérer dans l’homme c’est son essence, que c’est là l’important et nullement son action et sa façon d’agir. Ce qu’il y a en cela de vrai c’est qu’en considérant l’activité humaine on ne doit pas s’arrêter à sa forme immédiate, mais la considérer en tant qu’elle est médiatisée par son principe interne, et comme manifestation de ce principe. Mais il ne faut pas en même temps oublier