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doctrine de l’essence.

plus haute essence[1]. La catégorie de la quantité dont on fait ici l’application ne trouve en réalité sa place que dans la sphère du fini. Par exemple, en disant celle-ci est la plus haute montagne de la terre, nous nous représentons en dehors de cette plus haute montagne d’autres montagnes ayant aussi une hauteur. Il en est de même lorsque nous disons de quelqu’un qu’il est le plus riche, ou le plus savant dans son pays. Dieu n’est pas seulement une essence, et la plus haute essence, mais l’essence : ce à quoi il faut ajouter, que bien que cette façon de concevoir Dieu constitue un degré important et nécessaire dans le développement de la conscience religieuse, elle n’épuise nullement la profondeur de la représentation chrétienne de la divinité. Si nous ne considérons Dieu que comme essence, et si nous nous renfermons dans cette conception, nous ne voyons en lui que la puissance universelle, qui ne souffre par des résistances, ou suivant une autre façon de s’exprimer, que le Seigneur. Or, la crainte du Seigneur est bien le commencement, mais elle n’est que le commencement de la sagesse. — C’est d’abord la religion judaïque, et plus tard le mahométisme qui ont conçu Dieu comme Seigneur, et essentiellement et exclusivement comme Seigneur. En général le défaut de ces religions consiste en ce que l’on n’y fait pas au fini la part qui lui appartient, tandis que le trait caractéristique des religions payennes et polythéistes c’est de s’arrêter au fini, soit au fini en tant que nature, soit au fini

  1. C’est ici que vient se placer la seconde remarque précisément parce que l’apparence — le Schein — est un moment de l’essence ; ce qui fait que la conception de Dieu comme essence est insuffisante, ainsi qu’il est expliqué par ce qui suit.