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doctrine de l’essence.

comme essence, on n’y considère ordinairement la négation[1] que comme une abstraction de tout prédicat déterminé. Cet acte négatif, cette abstraction se trouve ainsi placée hors de l’essence, et l’essence elle-même ainsi conçue n’est plus qu’un résultat sans ses prémisses, elle est le caput mortuum de l’abstraction[2]. Or, comme cette négativité n’est pas extérieure à l’être, mais qu’elle est sa propre dialectique, il suit que sa vérité, l’essence, est l’être qui est descendu plus profondément en lui-même, ou qui est en lui-même[3]. C’est sa différence d’avec l’être immédiat qui constitue cette réflexion qui fait qu’il apparaît au dedans de lui-même, et c’est cette réflexion, cet apparaître qui constitue la détermination spéciale de l’essence elle-même[4].

Zusatz. Lorsque nous parlons de l’essence, nous dis-

    tité qui contient une médiation, et qui est amenée par cette médiation. Et c’est précisément cette immédiatité médiatisée amenée par la dialectique de l’être lui-même qui est l’essence.

  1. Die Negativität : la négativité, c’est-à-dire ici l’essence qui nie tout prédicat déterminé, et qu’on considère à tort comme une abstraction de tout prédicat, ou, si l’on veut, comme placée en dehors de tout prédicat, tel que la qualité, la quantité, etc.
  2. En effet, l’être constitue la prémisse de l’essence, et l’essence n’est un résultat véritable, c’est-à-dire une catégorie concrète et plus haute que l’être qu’autant qu’elle contient des prédicats déterminés, c’est-à-dire ici l’être et ses différents moments, — qu’autant qu’elle est l’essence de l’être. C’est à cette condition qu’elle est la vraie négativité de l’être ; autrement le fait, l’action négative (negatives Thun), s’accomplit, hors de l’essence elle-même, et l’essence n’est plus qu’un caput mortuum, une catégorie abstraite et vide.
  3. In sich seyende Seyn : expression équivalente à l’autre, et qui veut dire que l’être en se développant est entré plus avant dans sa nature, qu’il n’est plus l’être abstrait et immédiat.
  4. On peut dire que l’essence est l’être, mais l’être qui s’est différencié d’avec lui-même, en ce sens qu’il n’est plus l’être immédiat, et que par sa dialectique il s’est médiatise lui-même, et s’est ainsi élevé jusqu’à l’essence. En d’autres termes, l’essence c’est l’être médiatisé ou avec médiation. C’est là ce qui fait le mouvement réfléchi, l’apparaître de l’essence.