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chapitre viii.

principes aux causes secondaires, aux effets et aux choses particulières. L’investigation précédente prouve déjà combien cette opinion est peu fondée, puisqu’elle établit que non-seulement la logique formelle et la métaphysique sont deux sciences distinctes, mais qu’il ne saurait y avoir aucun rapport entre elles, et que, par conséquent, cette prétendue déduction par laquelle on voudrait rattacher la logique à la métaphysique est une pure assertion. Cependant, pour mettre ce point hors de discussion, accordons pour un instant qu’il en est ainsi, et que nous avons ici deux sciences dont l’une fournit les principes, et l’autre tire des conséquences ; que l’une est le produit d’une faculté appelée raison, et l’autre le produit d’une autre faculté appelée raisonnement.

Si cette théorie a un sens, elle veut dire que dans un syllogisme la raison fournit la majeure, et que le raisonnement de son côté fournit la mineure, ainsi que le rapport qui unit la mineure et la majeure, c’est-à-dire la conclusion. S’il en est ainsi, le raisonnement occupera un rang plus élevé que la raison, et il accomplira des opérations bien plus importantes et bien plus complètes que cette dernière, ce qui est contre la supposition. Car nous supposons ou, pour mieux dire, nous devons admettre que la faculté qui nous révèle les principes derniers des choses est la faculté souveraine à laquelle toutes les autres facultés sont subordonnées, comme le soldat est subordonné à son chef et le manœuvre à l’architecte. Mais cette distinction renverse les rôles, et fait de la raison une faculté subalterne. Et, en effet, lorsque nous disons que la raison fournit les principes, et que le raisonnement déduit les conséquences,