Page:Hegel - Logique, t. 1, trad. Véra, 1874.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45
logique appliquée.

obtenue par induction, ou la majeure d’une déduction) est considérée comme une simple forme de la pensée, c’est-à-dire comme une forme qui n’a aucun rapport objectif et consubstantiel avec la chose à démontrer, l’argument logique appliqué à l’expérience n’est qu’une illusion. Si entre homme individu et homme espèce il n’y a qu’un l’apport subjectif, lorsque je prétends prouver que tel homme est réellement mortel, parce que l’homme l’est, ou bien, que tous les hommes sont mortels, parce que tel et tel homme ou quelques hommes sont mortels, je ne fais que mettre ensemble des formes et des mots qui ne concernent en rien la nature des choses que je démontre, et en réalité et objectivement il n’y a point de démonstration. L’argument ne saurait donc être réellement concluant qu’à la condition qu’il y ait entre l’individuel et l’universel, entre le fait et le principe, le fini et l’infini, une communauté de nature, une union consubstantielle semblable à celle de cause et d’effet, de substance et d’accident. Mais une telle connexion est en dehors et au delà des limites de la logique formelle. Bien plus, c’est cette connexion que la logique formelle rejette expressément, comme je l’ai déjà montré[1], et comme je le montrerai plus explicitement dans la suite[2].

Passant maintenant de la connaissance expérimentale à la connaissance spéculative et métaphysique, nous verrons

  1. Ch. I.
  2. Voy. plus bas, ch. VIII. — L’induction n’est qu’une démonstration imparfaite, dit Aristote. Cela est vrai. Mais il faut dire plus : il faut dire que l’induction, comme tout argument fondé sur la logique formelle, ne prouve absolument rien, par là même que cette logique prétend ne s’occuper que des formes subjectives de l’entendement, et ne garantir que la légitimité