conscience une réponse satisfaisante à ces questions transcendantes.
Hégel ne put se contenter de cette modestie théorétique de Kant. Afin d’établir l’insuffisance de la raison, ce dernier avait remarqué qu’elle tombe dans des antinomies insolubles aussitôt qu’elle sort de l’empirisme. Car elle prouve aussi bien, disait-il, que l’espace doit être infini que fini, que le monde a dû ou qu’il n’a pas dû commencer, etc. La raison pose deux alternatives incompatibles, mais dont l’une ne saurait vaincre l’autre, attendu que le spectre de celle qu’on réfute reparait toujours. C’est comme dans la tragédie de Shakspeare où l’on voit reparaître le spectre du roi défunt, et où les amis de Hamlet s’écrient : « Il faut qu’il y ait quelque chose d’absolument faux dans notre royaume, puisque cette apparition revient. » Semblable aux amis de Hamlet, Kant se contente d’être le spectateur impassible de cette contradiction ou de ce désordre, tandis que Hégel se met à l’œuvre pour rétablir l’harmonie entre ce qui est et ce qui doit être. En d’autres termes, le premier, voyant qu’il y a des antinomies, et que les résultats trouvés par la raison se contredisent ou s’annulent, s’arrête là ; tandis que le second cherche l’accord entre les principes et les faits, entre la raison et ses résultats.
Satisfaisante pour Kant, la théorie de l’incapacité de l’esprit humain ne contente pas Hegel, et ce sont peut-être justement les antinomies de son prédécesseur qui l’ont conduit et poussé à sa méthode négative, qui n’est en réalité que l’antinomie réduite on système. Car voyant