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REMARQUES.

mécanique. Là, cette idée de cause et d’effet signifie qu’une impulsion qui vient du dehors d’un corps est le principe d’un changement ou d’un mouvement qui est observé dans le corps. Le langage a reconnu par là que de deux choses séparées, l’une peut être cause de l’autre. Tout fier de cette découverte ou de cette notion de cause et d’effet tirée de l’ordre le moins élevé de la nature, il l’applique aussitôt aux ordres supérieurs, et en fait pour tous les cas une catégorie. Partout où il croit reconnaître quelque analogie avec le phénomène mécanique qu’il a primitivement observé, il parle de cause et d’effet, sans voir que le sens de ces mots se doit naturellement modifier. Ainsi, il nous dit que l’homme est la cause de ses actions, sans remarquer que, dans ce cas, la séparation ou la distance entre la cause et l’effet n’est plus aussi grande qu’elle était d’abord, et que cependant c’est cette différence, constatée par le langage dans l’ordre mécanique, qui fait toute la valeur de cette catégorie. Car si on applique à l’être le plus élevé et le plus parfait, ou à Dieu, cette catégorie de cause ou d’effet tirée de l’ordre le plus bas, on arrive à dire que Dieu est sa propre cause, causa sui, et par là toute l’analogie que ce mot pouvait offrir a disparu. L’effet est identique à sa cause, ou plutôt l’idée de cause s’évanouit, puisqu’il n’y a plus de séparation entre elle et l’effet. Et de ce que nous n’avons point d’autres catégories à lui substituer, nous n’avons pas le droit de conclure que celle-là est bonne. Elle suppose deux extrêmes, dont l’un est la cause, l’autre l’effet ; mais si nous disons que la cause est cause de soi-même, causa sui,