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éveille toujours en moi une vague inquiétude, comme le malaise qui précède l’horreur du cauchemar. J’ai peur, d’une peur indéfinissable, superstitieuse. Cela vous semblera sans doute ridicule, mais si vous l’entendiez hurler, vous ne me trouveriez pas absurde du tout.

Elle ne hurle pas comme les roquets de la rue. Elle appartient à une race du nord plus rude, plus loup, et possède des traits farouches très particuliers.

Son hurlement est également particulier, incomparablement plus sinistre que le hurlement d’un chien européen et, je m’imagine, infiniment plus ancien… C’est peut-être le cri primitif de son espèce, que des siècles de domestication ne sont pas parvenus à modifier.

Elle débute par un gémissement étouffé comme celui d’un mauvais rêve, qui s’élève en une longue plainte pareille à celle du vent, puis s’abaisse, s’égrenant en un ricanement, pour s’élever de nouveau en un cri plus aigu, plus sauvage, qui se brise en un éclat de rire atroce, et s’éteint enfin en sanglots comme les pleurs d’un petit enfant. Ce qu’il