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de vies l’attendaient ; pourtant il était trop égoïste pour sacrifier ne fût-ce qu’une misérable existence pour l’amour de la revenante. Et il était encore plus lâche qu’égoïste. Bien qu’étant par naissance et éducation un Samouraï, il n’hésita pas à implorer un prêtre de le sauver des fantômes. Il se révéla méprisable dans chacun de ses actes, et O-Tsuyu eut tout à fait raison de l’étrangler !

— Oui, Shinzaburo est également assez méprisable du point de vue japonais, dit mon ami. Mais ce caractère très faible permet à l’auteur de développer certains incidents qu’il n’aurait pas pu traiter autrement avec autant de succès. À mon idée, le seul caractère attrayant de l’histoire est celui de O-Yoné, type de l’ancienne domestique dévouée d’autrefois : intelligente, rusée, pleine de ressource, — fidèle, non pas jusqu’à la mort, mais au-delà de la mort. Eh bien, allons à Shin-Banzui-In.

Le temple nous parut peu intéressant, et le cimetière une abomination de désolation. Des emplacements jadis occupés par des tombes étaient transformés en carrés de pommes de