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vions obtenir la somme de cent ryo d’or, nous pourrions vous satisfaire, car alors nous ne dépendrions plus de personne. Donnez-nous cent ryo et j’enlèverai le talisman sans craindre de compromettre nos seuls moyens d’existence.

Lorsqu’il eut prononcé ces paroles, O-Yoné et O-Tsuyu se considérèrent un instant en silence, puis O-Yoné dit :

— Maîtresse, je vous avais prévenue qu’il n’était pas sage d’inquiéter ainsi cet homme, comme nous n’avons pas de bonne raison de lui en vouloir. De plus, il est certainement inutile de vous préoccuper davantage de Shinzaburo, car son cœur ne vous appartient plus. Encore une fois, ma chère jeune demoiselle, je vous supplie de ne plus penser à lui.

Mais O-Tsuyu répondit en pleurant :

— Chère O-Yoné, quoi qu’il arrive, je ne puis m’empêcher de penser à Shinzaburo. Tu sais que tu peux te procurer les cent ryo nécessaires pour faire enlever le talisman ; je te supplie, chère O-Yoné, mène-moi encore une fois,