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mais se décider à le faire, car il croyait que les ombres voulaient du mal à Shinzaburo.

Enfin, par une nuit orageuse, O-Yoné le réveilla en sursaut par un cri de reproche ; elle se pencha au-dessus de son oreiller et lui dit :

— Prends garde de ne pas te jouer de nous. Si demain soir tu n’as pas enlevé ce texte, tu apprendras comment je sais haïr.

Et en parlant, elle fit une grimace si hideuse, que Tomozo crut en mourir de peur.

Jusque-là, O-Miné, la femme de Tomozo, ignorait ces visites, et même à son mari elles avaient semblé de mauvais rêves. Mais cette nuit-là, il advint qu’elle se réveilla soudain et qu’elle entendit une voix de femme qui parlait à Tomozo. Presque au même instant la voix se tut, et lorsque O-Miné regarda autour d’elle, elle aperçut à la lueur de la veilleuse son mari qui frissonnait, blanc de terreur. L’étrangère avait fui, les portes étaient bien closes, il semblait impossible que personne fût entré. Néanmoins la jalousie de O-Miné était éveillée ; elle se mit à faire