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soir… Il sera plus sage de prendre la résolution de ne plus penser à lui, car son sentiment pour vous a sûrement varié. Il est évident qu’il ne désire plus vous voir. Mieux vaut ne plus vous soucier ni vous tourmenter pour un homme aussi inconstant.

Mais la jeune fille répondit en pleurant :

— Ah ! songer que pareille chose puisse arriver après tous les serments que nous avons échangés… On m’a souvent dit que le cœur de l’homme est aussi variable que le ciel d’automne… Pourtant celui de Shinzaburo ne peut être aussi cruel. Il ne peut songer à me renvoyer ainsi. Chère O-Yoné, trouve, je t’en supplie, un moyen pour me conduire jusqu’à lui… Si tu ne réussis pas, je ne retournerai jamais, jamais chez nous !…

Elle continua à supplier ainsi, en se voilant la figure de ses longues manches. Et elle était très belle et infiniment touchante. Mais la crainte de la mort dominait son amant.

Enfin O-Yoné répondit :

— Ma chère demoiselle, pourquoi troubler ainsi votre esprit pour un homme cruel ? En-