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fixement dans la nuit à travers une des fentes. Il vit, devant la maison, O-Tsuyu et O-Yoné tenant la lanterne pivoine. Et elles examinaient toutes deux le texte bouddhiste collé au-dessus de l’entrée. Jamais, même de son vivant, O-Tsuyu n’avait paru si belle ; et Shinzaburo sentit son cœur attiré vers elle comme par une force presque irrésistible. Pourtant la terreur de la mort le retint, et il se livra en lui une telle lutte entre son amour et sa crainte, qu’il lui sembla souffrir dans son corps tous les tourments de l’enfer de Shonetsu[1].

Après un instant, il entendit la voix de la domestique qui disait :

— Ma chère maîtresse, il n’y a pas moyen d’entrer. Le cœur de Shinzaburo a sans doute changé dans ses sentiments envers vous. Il n’a pas tenu la promesse qu’il nous a faite hier ; les portes ont été soigneusement fermées. Nous ne pouvons pénétrer chez lui ce

  1. Le Sixième des Huit Enfers Brûlants du Bouddhisme japonais. Un jour d’existence dans cet Enfer équivaut à des millions d’années humaines.