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contre les morts délaissés, pour le repos de l’esprit inquiet. Enfin voici un sûtra sacré appelé le Ubô-Darani-Kyô, ou Sûtra-qui-fait-pleuvoir-les-Trésors[1]. Vous aurez soin de le réciter chaque soir, chez vous, sans faute… De plus, je vous donnerai ce paquet de o fuda[2], ou textes religieux ; vous en collerez un sur chaque ouverture de votre maison, si petite qu’elle soit. La vertu de ces textes sacrés empêchera les mortes de pénétrer chez vous… Mais quoi qu’il arrive, n’oubliez pas de réciter le sûtra.

    nais il y a deux sortes de fantômes ; les Esprits des Morts, shiryo ; et les Esprits des Vivants, ikiryo. Une maison ou une personne peut être aussi bien hantée par un ikiryo que par un shiryo.

  1. Il serait plus correct d’écrire le nom comme suit : Uho-Darani Kyo. C’est la prononciation japonaise d’un très court sûtra traduit du sanscrit en chinois par le prêtre indien Amoghavajra, peut-être au début du VIIIe siècle. Le texte chinois contient des translittérations de certains mots sanscrits très mystérieux, sans doute des mots talismans comme ceux que l’on rencontre dans la traduction du Saddharma-Pundarika par Kern.
  2. O-fuda, nom général donné aux textes religieux servant de charmes ou talismans. Ces textes sont parfois brûlés sur du bois, mais plus souvent écrits ou imprimés sur d’étroites bandes de papier. On colle des o-fuda au-dessus des portes d’entrée, sur les murs, sur des tablettes placées sur les autels domestiques. Certains se portent sur la personne même ; d’autres, roulés en pilules, s’avalent en guise de remède spirituel. Le texte des grands o-fuda s’accompagne souvent de gravures curieuses, ou illustrations symboliques.