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présente. Elle vous aime sûrement depuis au moins trois ou quatre existences antérieures. Il semble que, bien qu’elle ait nécessairement changé de forme et de condition à chaque incarnation successive, elle n’a pas pu cesser de vous suivre. Donc, il ne vous sera guère facile d’échapper à son influence. Mais je vais vous prêter ce mamori[1] qui est très puissant. C’est une image tout en or pur du Bouddha qui est appelé le Tathâgâta, — Bruit de Mer, — parce que son enseignement de la Loi résonne à travers le monde comme le bruit de la mer. Et cette petite image est surtout un shiryo-yoké, un talisman contre l’esprit des morts[2]. Elle protège les vivants

  1. Le mot japonais mamori a au moins autant de significations que celles qui se rattachent à notre terme « amulette ». Il serait impossible dans une simple note de donner, ne fût-ce qu’une idée, de la variété d’objets japonais auxquels ce nom est donné. Ici le mamori est une très petite image, sans doute renfermée dans une châsse minuscule en laque ou en métal, recouverte d’un sac de soie. Les samouraïs portaient souvent sur eux de pareilles images. On m’a montré tout récemment une figurine de Kwannon enfermée dans un petit coffret de fer, et qu’un officier avait portée sur lui pendant toute la guerre de Satsuma. Il observa, fort justement, que le mamori lui avait sans doute sauvé la vie, car une balle était venue s’aplatir contre le coffret, et on en voyait très nettement la marque.
  2. De Shiryo (fantôme) et yokeru (exclure). Dans le folk-lore japo-