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époux. Même si notre secret venait à être connu, et si mon père me tuait pour me punir, même après la mort je ne cesserais jamais de penser à vous. Et à présent je suis tout à fait sûre que vous-même, vous ne sauriez vivre longtemps séparé de moi.

Puis, le tenant étroitement enlacé, et lui frôlant le cou de ses lèvres, elle le caressa, et Shinzaburo lui rendit ses caresses.

Tomozo était très surpris de ce qu’il entendait. Le langage de cette femme n’était pas celui d’une femme du peuple, mais celui d’une dame de haut rang. Alors il résolut à tout hasard de voir son visage, ne fût-ce qu’un instant. Il fit donc sans bruit le tour de la maison, en regardant par chaque interstice, par chaque fente des volets : enfin il réussit à voir. Mais alors il frissonna, et ses cheveux se dressèrent sur sa tête.

Le visage qu’il venait d’apercevoir était celui d’une femme morte depuis longtemps ; les doigts qui caressaient le jeune Samouraï étaient décharnés, — et à partir de la taille le corps de la femme n’existait pas ; — il