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— Comment ! c’est lui qui vous l’a dit ? s’écria O-Yoné. Quelle méchanceté de sa part, d’avoir osé vous dire une chose pareille ! C’est lui également qui nous a assurées que vous n’étiez plus parmi les vivants. Je crois qu’il voulait vous tromper, ce qui n’est guère difficile, car vous êtes très confiant. Peut-être ma maîtresse a-t-elle laissé deviner l’amitié qu’elle a pour vous par quelques mots qui ont trouvé leur chemin jusqu’aux oreilles de son père. En ce cas, O-Kuni, sa nouvelle épouse, a peut-être conçu le projet de vous faire annoncer notre mort par le médecin afin de provoquer une séparation. Quoi qu’il en soit, lorsque ma maîtresse apprit votre mort, elle voulut se couper immédiatement les cheveux et se faire nonne. Pourtant j’ai réussi à l’en dissuader, et j’ai enfin pu la convaincre de ne se faire nonne que dans son cœur. Plus tard, son père voulut la forcer à épouser un autre jeune homme, et elle refusa. Alors, il y eut beaucoup d’ennuis, causés surtout par O-Kuni. Enfin nous avons quitté la ville, et nous nous sommes retirées à Yanaka-no-Sasaki. Là