Page:Hearn - Au Japon spectral, 1929.pdf/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— O-Yoné ! Est-ce bien vous ? Je me souviens de vous très bien.

— Seigneur Shinzaburo ! répéta la servante du ton de la plus parfaite stupéfaction. Je n’aurais pas cru que ce fût possible ! On nous avait dit que vous étiez mort !

— Voilà qui est extraordinaire ! s’écria-t-il. Mais à moi aussi on m’a dit que vous étiez mortes toutes les deux !

— Quel horrible mensonge ! répliqua O-Yoné. Pourquoi répéter des paroles qui portent malheur ? Qui vous a dit cela ?

— Veuillez me faire la grâce d’entrer un instant, répondit Shinzaburo. Nous pourrons causer plus tranquillement. La grille du jardin est ouverte.

Alors elles entrèrent, et ils échangèrent les salutations d’usage. Puis quand Shinzaburo les eut bien installées, il dit :

— J’espère que vous excuserez mon manque de courtoisie. Si je ne suis pas allé vous voir depuis si longtemps, c’est que Shijo, le médecin, m’a appris votre mort il y a environ un mois.