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IV

Je demeurai longtemps éveillé cette nuit-là, et j’écoutai les roulements de tonnerre et les fracas de la puissante marée. La basse des brisants lointains retentissait plus sonore que ces chocs distincts de bruits, plus sonore aussi que l’assaut des vagues proches : c’était un profond murmure ininterrompu qui faisait trembler la maison et que l’imagination comparait au piétinement d’une cavalerie fantôme, à une masse incalculable d’artillerie, comme si des armées, vastes comme le monde, accouraient du Levant.

Alors je me pris à songer à la vague terreur avec laquelle j’écoutais, tout enfant, la voix de la mer. Je me souvins que bien des années plus tard, sur les différentes côtes des différentes parties du monde, le bruit des brisants réveillait toujours en moi cette impression d’en-