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III

En général, vers l’époque du Bon, la mer devient très mauvaise. Et le lendemain matin je ne fus donc pas surpris de voir une forte houle. Elle s’accentua pendant toute la journée ; au milieu de l’après-midi, les vagues étaient devenues merveilleuses, et, assis sur le rempart, je les regardai jusqu’au soir. C’était une longue houle lente, massive et formidable. Parfois, juste avant de se briser, une vague gigantesque se fendait sur toute sa longueur verte avec un tintement de verre brisé : puis elle tombait et s’aplatissait avec un grondement qui faisait vibrer le mur au-dessous de moi… Je songeai au grand général russe qui forçait son armée à donner l’assaut comme la mer, — vague d’acier sur vague d’acier, tonnerre sur tonnerre… Il n’y avait presque pas de vent ; mais il devait faire gros