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venu à ma recherche, accompagné de sa femme.

— L’eau était d’une fraîcheur agréable, répondis-je, en jetant ma robe sur mes épaules, pour les suivre.

— Ah ! dit la femme. Ce n’est pas prudent de s’aventurer ainsi dans la mer, la nuit du Bon.

— Je ne suis pas allé loin, dis-je. Je voulais seulement voir les lanternes.

— Mais même les esprits de l’eau, les Kappa, se noient parfois ! protesta Otokichi. J’ai connu un villageois qui nagea jusque chez lui pendant sept ri, par gros temps, après le naufrage de son bateau. Et pourtant plus tard, il fut noyé.

Sept ri équivalent à un peu moins de dix-huit milles ! Je demandai si aujourd’hui les jeunes gens du village étaient d’aussi forts nageurs.

— Sans doute y en a-t-il quelques-uns, dit le vieillard, car il y a beaucoup de bons nageurs. Tout le monde nage ici, même les petits enfants. Mais les pêcheurs ne nagent