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venir de la Dame Li. Bientôt dans l’épaisse fumée bleue qui s’élevait de l’encensoir se définit le contour d’une forme féminine qui prit les tons de la vie, et devint lentement lumineuse. Et l’Empereur reconnut la forme de sa bien-aimée. Au début l’apparition était très floue, mais elle devint peu à peu aussi distincte qu’une personne vivante, et paraissait devenir toujours plus belle. L’Empereur adressa en murmurant quelques paroles à la vision, mais il ne reçut pas de réponse. Puis il l’appela à haute voix, mais la présence ne fit aucun geste. Alors, dans l’impossibilité de se dominer davantage, il s’approcha de l’encensoir. Mais à l’instant même où il toucha la fumée, le fantôme frissonna et disparut.

Les légendes du Hangon-ko inspirent encore parfois les artistes japonais. Je vis un jour à Tokyo le tableau d’une jeune épouse agenouillée devant l’alcôve où la fumée de l’encens magique assumait la forme du mari absent[1].

  1. Parmi les curieuses inventions de Tokyo de 1898, se trouvait